Que ce soit les États ou les Google, Facebook et compagnie, on me dit que la vie privée, c’est passé de mode, que si tu n’es pas sur Facebook, tu es nul, que si tu ne fais rien d’illégal, tu n’as rien à craindre et que tu ne dois pas t’en cacher. Cela va même plus loin, on me dit que la vie privée, ce n’est pas bien. Que c’est les terroristes qui cachent leurs vies ! Que si tu protèges ta vie privée, ça les protège aussi. Je serai donc complice des terroristes et des criminels.
« Chacun a droit au respect de sa vie privée ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la loi et on voudrait me faire croire que ce n’est plus le cas. Pourtant, cette loi est claire. Ma vie privée doit être respectée. Ce que je fais en privé doit le rester. Ce n’est pas une question de légalité ou non. Si je gare mon vélo comme une merde et que j’en ai une contravention, cela ne regarde personne. C’est ma vie privée. On dit aussi que comme des méchants protègent leurs vies privées, je ne devrais plus avoir de vie privée comme ça, c’est plus facile de trouver les méchants. Je devrais donc me priver de mon droit à une vie privée pour aider la justice. Heu, une justice qui me prive de mes droits, est-ce encore une justice ? Concrètement, je ne devrais pas chiffrer ma vie privée numérique pour aider la justice. En quoi chiffrer ma vie privée n’aide-t-il pas la justice ? Si ma vie privée n’aide pas la justice, c’est que je suis coupable de quelque chose. Nous y voilà. Je suis coupable de quelque chose. De quoi ? Ne demandez pas, personne n’en sait rien, mais je suis coupable. Si je suis coupable de quelque chose, la « justice » doit pouvoir enquêter sur moi. Nous sommes donc tous coupables de quelque chose et donc la vie privée, ce n’est pas bien.
C’est chouette non ? On est passé de « On est innocent jusqu’à qu’on ne prouve le contraire » à « On est tous coupables ». Un pays où l’on est tous coupables, ce n’est plus une démocratie.
Elle n’est pas belle la vie ?